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Le 22 novembre dernier est sorti le livre « Germaine, Ginette, Marie-Jeanne et les autres… – Témoignages de femmes du Pays de l’Aven » de l’auteure Anne LECOURT.

Ce livre est la conclusion d’un projet d’envergure qui a été mené par le Centre Social « Chemins de Faire » de Rosporden : recueillir les témoignages de femmes sur leurs parcours de vie de l’après-guerre.

Voici quelques lignes écrites par l’auteure du livre Anne LECOURT:

« L’idée derrière le livre était de créer du lien qui fasse sens, donner ou redonner la parole à des acteurs (des actrices !) restés, depuis l’heure de la retraite, un peu sur le bord du chemin, en
proposant entre les lignes un petit tour d’horizon, une sorte de discrète rétrospective de ce qu’avait représenté pour ces femmes le Centre social de Rosporden. Plus largement, il s’agissait d’offrir en
partage un patrimoine local, culturel et humain pour continuer de faire vivre un lieu formidablement dynamique dédié aux autres, de tous horizons et de tous les âges.
Quand l’association « Chemins de faire » de Rosporden en la personne de Vincent Yhuel, alors directeur du Centre social, m’a proposé d’écrire un livre avec des femmes du coin, je n’ai pas hésité une seconde.
J’avais publié « Elles qui disent » sur des femmes de la région de Montfort/Meu, à l’ouest de Rennes, où j’habite, puis « Les Discrètes, paroles de Bretonnes » aux éditions Ouest-France, et j’avais découvert avec
émotion le pouvoir des mots que l’on met sur les maux, et combien les histoires ordinaires de « petites gens ordinaires » apportent de compréhension à l’histoire, la petite et la grande. Il y avait une équipe très
dynamique derrière le projet de Rosporden, impliquée depuis des années, des hommes et des femmes, plusieurs associations, qui œuvraient ensemble dans les mêmes murs au service de l’humain. Et puis le
Centre social fêtait ses soixante ans en 2018, c’était l’occasion de mettre l’accent sur l’action collective, le « faire ensemble ». Pourquoi les femmes ?… Et pourquoi pas ? Les femmes sont passionnantes, leur
identité est en perpétuelle construction, et en tant que « celles qui assurent la survie de l’espèce », elles sont depuis la nuit des temps à la fois irremplaçables et universelles. Pour finir cette aventure en beauté,
Jean-François Chauchard, artiste d’Elliant, est venu mettre des visages sur les prénoms. Il a composé de très belles photographies, avec beaucoup de tact et de sensibilité. À l’heure où enfin le livre tant attendu
paraît, une femme du livre nous quitte. Gaby était une grande dame, et jamais je n’oublierai cette aventurehumaine à Rosporden. »
« Je suis restée trois mois. Au début c’était l’hiver. J’arrivais le dimanche soir de Rennes par le train de 19h40 et j’avais beau écarquiller les yeux, je ne voyais rien d’autre que de rares lumignons tremblants, dispersés dans une nuit épaisse et brassée par le vent. Puis les jours avaient commencé à rallonger. À chaque semaine, l’obscurité reculait, la ville de Rosporden sortait de l’ombre. Il me semblait reconnaître dans les silhouettes des hautes maisons, dans les volumes imposants des usines, les restes d’une époque prospère et affairée, on m’avait dit comme un secret que certains hauts murs de jardins abritaient d’improbables piscines, que le cœur de la ville naguère avait battu, fort, en temps de guerre, en temps de grèves, pour des emplois, des foires agricoles ou des lignes ferroviaires. À mesure que s’égrenaient les semaines, je me laissais gagner par la surprise de l’attente, le besoin de retrouvailles. »*
Ce recueil, on l’aura compris, est avant tout un hommage. Aux femmes rencontrées, racontées, et à celles et ceux ayant permis la rencontre, qui ont le souci de l’autre et qui continuent de travailler, souvent
invisibles, fidèles à cet esprit.
« J’ai apprécié cette communauté de gens discrets et profondément dévoués à leurs semblables, travaillant à défendre une société positive, inventive et solidaire. J’ai aimé reconnaître leur voix, et à travers ce recueil, y mêler la mienne. Pour cette chance qui m’a été donnée de les rencontrer et de faire avec eux, je les remercie profondément. Et comme je l’ai souvent entendu dire ici « J’ai eu été » à Rosporden et j’ai aimé. Beaucoup. »*
* Extraits de « Germaine, Ginette, Marie-Jeanne et les autres » Portraits de femmes de l’Aven, éditions Ouest-France,
novembre 2019, PVP 13€